Nanterre, ville Préfecture du département des Hauts-de-Seine était encore jusqu’au milieu des années 1970, l’une des villes de la petite ceinture de Paris, à « accueillir » l’un des bidonvilles des plus notoires de la région parisienne. Un « village » dans la ville fait de maisons constituées de tôles et de planches, abritant une population vivant dans la précarité, la promiscuité. Un passé révolu en France, bien que…
Exposition photographique sur le bidonville de Nanterre
Il pourrait paraître étrange, que je vienne à parler de cette exposition. Préférant à l’accoutumée aborder des expositions plus joyeuses, colorées, mélodieuses… mais l’histoire, notre histoire, se doit d’être connue et ne pas être oubliée.
C’est ainsi que le Département des Hauts-de-Seine, expose une série de clichés réalisés au printemps 1968 par Serge Santelli, sur les grilles du parc départemental du Chemin de l’île à Nanterre (92), jusqu’au 19 décembre 2019.
Une exposition à ciel ouvert composée de 17 photographies du bidonville alors situé au 93 rue des Prés à Nanterre.
Un parcours en libre accès, nous permettant une immersion dans ce qu’était le quotidien de ces personnes vivant alors dans des baraques de fortune. Des « maisons » aménagées avec des résidus, des planches, de la tôle. La précarité, mais la solidarité au sein d’une population en marge de la société d’alors, qui elle découvrait le bonheur d’un habitat moderne en ville avec le confort électrique, le gaz à domicile, la télévision, le téléphone, les sanitaires privatifs… Une France qui continuait de se reconstruire au lendemain de la seconde guerre mondiale. Une France et sa capitale qui attiraient au cours des « 30 glorieuses » un flot de travailleurs venus des campagnes, ou des « colonies » d’hier. Une population sans moyens, mais qui venait tenter sa chance dans cet eldorado économique. Si bien qu’en 1060, les pouvoirs publics estimaient à environ 100 000 personnes de la population vivant dans des bidonvilles.
Qu’était-ce que le quotidien dans un bidonville ?
C’est un lieu sans hygiène, sans eau courante sauf quand il pleut, alors cela devient un bourbier. C’est aussi des descentes de polices régulières et brutales, des incendies, des rats et bien d’autres misères.
Le bidonville est fait de baraques en tôle et bois. Il n’y a qu’un seul W.C, les rues sont étroites, sales et boueuses, elles sont pleines de vieux objets, de déchets, il y a souvent une décharge à côté.
Les « maisons » sont formées d’une seule pièce, elles sont insalubres et composées de lits, d’une cuisinière ou d’un réchaud et d’une table. Les fenêtres sont fermées avec des ficelles ; pour se laver, il y a une bassine.
Vidéo archives INA – Le bidonville de Nanterre en 1963.
Des logements sociaux pour éradiquer les bidonvilles
Une véritable politique du logement s’enclenchera, avec la multiplication des grands ensembles par la construction de cités et logements sociaux. Bâtir vite, afin de résorber ce flot de population vivant dans la promiscuité de ces habitats constitués de bric et de broc. Face à l’urgence, des villes nouvelles verront le jour avec des cités dortoirs et devenues au fil des décennies obsolètes, car non pensées pour la durée, , l’intégration et plus simplement l’avenir.
Fallait-il rester dans le déni et ne rien faire ?
Une population des plus jeunes, aux moins jeunes vivant tantôt dans le froid des températures hivernales, ou la chaleur étouffante de l’été. Un accès à l’eau potable limité, ou encore aux conditions d’hygiène improbables, pour ne pas écrire déplorable engendrant les pires maladies, épidémies… Les bidonvilles étaient la honte d’un pays en reconstruction cherchant à gommer les stigmates de la Seconde Guerre Mondiale.
Cachez cette misère, que je ne saurais voir. Paris s’éveillait, tandis que la proche banlieue (la ceinture rouge) croupissait.
Ainsi, prenez le temps de regarder, d’imaginer, de découvrir et de comprendre ce que pouvait être le quotidien de ces personnes au travers de ces clichés exposés. Peu importe les origines de ces habitants, il s’agissait d’hommes et de femmes, d’enfants qui n’aspiraient qu’à vivre dignement. L’effort des Gouvernements portera, puisque les derniers bidonvilles furent résorbés dans le milieu des années 1970.
Le temps des bidonvilles n’est… plus révolu !
40 ans après que le dernier bidonville de France fut rasé, ces habitations précaires resurgissent en périphérie de Paris et même… dans certains quartiers du nord de Paris.
Nouvel afflux lié à une immigration économique, politique. Ô combien, que nous soyons en 2019, nos politiques et dirigeants n’arrivent pas actuellement à solutionner ce retour en arrière. Pensons qu’aujourd’hui des gens, – cela pourrait être vous et moi -, « habitent » à nouveau dans des campements de fortune au sein même du bois de Vincennes, le long du périphérique, sous les viaducs du métro parisien, ou encore aux abords des autoroutes conduisant vers Paris.
L’histoire s’écrit en continue avec ces bidonvilles du XXI ème siècle. Quelles seront les solutions et la conclusion ? Je l’ignore. Mais, qui aurait pu penser voici 40 ans… que le futur ne serait qu’une transposition du mal et d’un passé pas si lointain ? Hasard du calendrier avec cet article, voici 65 ans – 1er février 1954 – que l’Abbé Pierre lançait son appel et SOS sur la situation des sans-abris. À méditer.
Exposition photographique sur les bidonvilles
Parc Départemental du Chemin de l’île
19 janvier au 28 décembre 2019
90, avenue Hoche, 92000 Nanterre